"Arrêter l’immigration familiale", "cesser le droit du sol automatique", "baisse de 30 % de l’immigration de travail", "moratoire" pour "donner un coup d’arrêt immédiat à tous les flux" : les candidats à l’investiture du parti Les Républicains (LR) pour la présidentielle de 2022 ont une nouvelle fois joué la surenchère, dimanche 14 novembre, lors du deuxième débat télévisé qui les opposait sur BFMTV avant le vote des adhérents de leur parti (organisé du 1er au 4 décembre).
Michel Barnier, Xavier Bertrand, Éric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse ont consacré près de deux heures à l’immigration, à la sécurité et au terrorisme, n’hésitant plus désormais à lier ces trois thématiques. "Une immigration incontrôlée et une intégration ratée, ça peut disloquer une nation. Car oui, il y a un lien entre immigration, islamisme et terrorisme et un lien entre immigration et insécurité", a ainsi affirmé Valérie Pécresse.
La présidente de la région Île-de-France passait pourtant jusqu’ici pour une modérée sur ces sujets, tout comme son homologue des Hauts-de-France. Tous deux avaient d’ailleurs justifié leur départ de LR – en décembre 2017 pour Xavier Bertrand, en juin 2019 pour Valérie Pécresse – notamment parce qu’ils trouvaient scandaleux que le parti, alors dirigé par Laurent Wauquiez, flirte de plus en plus avec les thèmes et les idées de l’extrême droite. Le climat a visiblement changé. "Les cinq candidats savent très bien qu’ils s’adressent au noyau dur puisque seuls les adhérents voteront pour désigner le candidat du parti à la présidentielle. C’est donc inévitable qu’on assiste à ce type de surenchère dans les propositions, même si on constate effectivement que le plus droitier sur l’immigration et la sécurité, Éric Ciotti, donne le 'la' dans cette campagne", juge le politologue Pascal Perrineau, contacté par France 24.
Éric Ciotti n’hésite pas, en effet, à reprendre telles quelles certaines propositions du Rassemblement national : droit du sang plutôt que droit du sol pour obtenir la nationalité française, fin du regroupement familial ou encore priorité nationale pour les emplois, le logement et les aides sociales. Il reprend également à son compte la théorie du "grand remplacement", va plus loin que Marine Le Pen sur le terrorisme en plaidant pour la création d’un "Guantanamo à la française" pour les personnes fichées S jugées les plus dangereuses et affirme même qu’il votera Éric Zemmour plutôt qu’Emmanuel Macron en cas de face-à-face entre les deux hommes au second tour en avril 2022.
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