La patronne des députés du RN joue son avenir politique dans cette affaire. Elle risque notamment de ne pas pouvoir se présenter à la prochaine élection présidentielle, en 2027 : cinq ans de prison dont deux ferme et 300 000 euros d’amende ont été requis contre elle, ainsi que cinq ans d’inéligibilité. Le jugement qui sera rendu lundi 31 mars sera l'épilogue de plusieurs mois d'attente pour le RN... qui joue pourtant, officiellement, la carte de la sérénité. La première concernée, Marine Le Pen répète en privé à qui veut bien l'entendre que ce procès ne l'empêche pas de dormir. "Je n'y pense pas du tout, glissait-elle mercredi à nos confrères du Figaro. Vous savez, la peur n'écarte pas le danger. Je ne vois pas l'intérêt de supputer à l'avance." Citée dimanche par nos confrères de La Tribune Dimanche, Marine Le Pen ne se dit pas "fébrile" mais "comprends qu'on puisse l'être" car "avec l'exécution provisoire, les juges ont un droit de vie ou de mort sur [son] mouvement". Elle dénonce un possible scandale du siècle".
Résultat, nous assurent plusieurs des lieutenants de la députée du Pas-de-Calais : aucune réunion n'a été organisée en interne pour évoquer les conséquences de sa potentielle condamnation. "On l'a sollicitée plusieurs fois pour en parler, elle nous envoie bouler à chaque fois", raconte un participant à toutes les réunions stratégiques. Qui se veut philosophe : "Si la patronne est sereine, il n'y a pas de raison qu'on s'agite."
Si personne ne s'inquiète en apparence, certains députés reconnaissent une certaine angoisse. "Je n'arrive pas à me dire qu'on pourrait perdre notre candidate à la présidentielle", chuchote une élue des Hauts-de-France. Un autre député doute des capacités de Jordan Bardella à assurer la relève si Marine Le Pen se retrouvait empêchée : "Il a déjà eu du mal à endosser le costume de potentiel Premier ministre, alors celui de présidentiable... C'est quand même une immense responsabilité !"
Au RN on se rassure donc comme on peut, à la veille de ce jugement très attendu : "On n'est pas à l'abri d'une bonne nouvelle, espère un député très médiatique. Et puis au moins, après le jugement, vous arrêterez de nous poser sans cesse les mêmes questions sur l'avenir de Marine Le Pen !"
Sauf que l'histoire ne s'arrêtera sans doute pas demain, ni après-demain puisque Marine Le Pen a déjà prévenu qu'elle ferait très certainement appel du jugement. Sauf dans le cas d'une relaxe, qu'elle juge elle-même peu probable.
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