Israël a autorisé le retour d’une aide alimentaire limitée à la bande de Gaza qui en est privée depuis onze semaines. Mais pour qu’il n’y ait pas de malentendu sur ses intentions, Benyamin Netanyahou a diffusé hier une vidéo en direction de ses concitoyens : il ne le fait que pour des raisons diplomatiques, pour conserver le soutien international.
Si vous pensez que j’exagère, voici la citation du premier ministre israélien : « Nos meilleurs amis dans le monde, des sénateurs dont je sais qu’ils sont de solides partisans d’Israël, nous ont dit qu’ils ne pourraient pas nous soutenir si des images de famine étaient diffusées. Nous devons éviter la famine, à la fois pour des raisons pratiques et diplomatiques. Sans soutien international, nous ne pourrons pas poursuivre notre mission jusqu’à la victoire ».
Et d’ajouter : « Nous sommes engagés dans des combats intenses et à grande échelle à Gaza, et nous avançons. Nous avons l’intention de prendre le contrôle de tout le territoire ». Son ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré de son côté : « Israël va détruire tout ce qui reste de la bande de Gaza ». Difficile d’être plus clair.
Le seul but de ces déclarations est de maintenir l’unité de la coalition d’extrême-droite en Israël. Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité intérieure, était contre la reprise de l’aide, et menace en permanence de faire voler en éclat la coalition. Netanyahou explique donc que cette concession n’est que diplomatique, pour pouvoir poursuivre la guerre à Gaza.
Ce jusqu’au-boutisme du gouvernement israélien bénéficie de la complaisance embarrassée de ses alliés. Hier, un communiqué commun de 23 pays occidentaux critiquait sévèrement les modalités de l’aide. Israël ignore les règles humanitaires internationales, boycotte l’ONU et les ONG, au profit d’un nouveau système à sa main. Mais ce communiqué s’en tient à des vœux pieux, sans plus.
Un second communiqué, plus restreint – France, Royaume-Uni, Canada – prévient quant à lui, sans autre précision, que « des mesures concrètes » seront prises si la nouvelle offensive militaire continue. Cette différence de ton entre les deux textes montre la difficulté du passage à l’acte en commun. Remplacez Netanyahou par Poutine, et vous auriez déjà des sanctions en préparation depuis longtemps.
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