Le Rassemblement national a-t-il pesé dans le choix de nommer Michel Barnier à Matignon ? C'est ce qu'affirme Le Journal du dimanche dans un article publié samedi 7 septembre. L'hebdomadaire assure qu'Emmanuel Macron a passé un "deal secret" avec Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN, jeudi, avant de nommer l'ancien ministre et commissaire européen, membre des Républicains, au poste de Premier ministre. L'ex-candidate à la présidentielle a démenti ces affirmations dont des membres du Nouveau Front populaire se sont saisis pour dénoncer un "accord" entre le président et sa rivale d'extrême droite.
D'après le récit fait par le JDD, "corroboré par plusieurs sources des deux camps", Emmanuel Macron a mandaté Thierry Solère, ancien député LR et proche du président, pour "prendre la température" auprès du RN sur le choix de Michel Barnier comme Premier ministre. Thierry Solère a déjà fait office de "facilitateur" entre le camp présidentiel et le RN, en organisant chez lui un dîner entre l'ex-Premier ministre Edouard Philippe et Marine Le Pen.
L'Elysée veut éviter d'exposer le futur chef du gouvernement à une censure de l'Assemblée nationale, où l'extrême droite y est forte de 126 députés, 142 si l'on compte les alliés d'Eric Ciotti. Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l'Assemblée nationale, a déjà qualifié Michel Barnier de "fossile" et "d'homme politique stupide" sur France Inter. Le député a rétropédalé trois jours plus tard sur BFMTV, estimant qu'il "n'aurai[t] pas dû [s]'exprimer ainsi". Le JDD soutient que le président de la République en personne a appelé Marine Le Pen, jeudi, avant que l'Elysée n'annonce la nomination de l'ancien commissaire européen issu des rangs des Républicains. Le média précise qu'Emmanuel Macron et Marine Le Pen "nient tout échange jeudi" et qu'"aucun des deux partis n'a fait de commentaire au sujet du rôle de Thierry Solère dans ces échanges".
Pour Marine Le Pen, Emmanuel Macron a certes "tenu compte (...) des critères posés par le Rassemblement national dans le choix de son Premier ministre", comme elle l'a déclaré dans un entretien à La Tribune dimanche. Mais la patronne des députés RN a en revanche démenti avoir participé activement au choix de Michel Barnier pour Matignon. "Je ne suis pas DRH d'Emmanuel Macron", a-t-elle répété devant la presse, dimanche, lors de sa rentrée politique à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). "Je pense que seul un Premier ministre du Rassemblement national peut mettre en œuvre le projet du Rassemblement national", a-t-elle ajouté. Si elle a salué la recherche du "compromis" entreprise par Michel Barnier, elle a aussi affirmé qu'elle n'avait "pas eu d'échange avec Emmanuel Macron" jeudi, contrairement à ce que rapporte le JDD.
Marine Le Pen a dit espérer que le nouveau Premier ministre serait "respectueux de ce que souhaitent les 11 millions d'électeurs du Rassemblement national". "Il ne faut pas que monsieur Barnier oublie le résultat des élections européennes [remportées par le RN]", a-t-elle également souligné, annonçant que le RN n'hésiterait pas à "censurer le gouvernement". Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), avait déclaré samedi que le parti avait choisi de lui accorder le "bénéfice du doute". Michel Barnier "est un Premier ministre sous surveillance", a-t-il déclaré. "Ce n'est pas une menace, c'est un fait arithmétique", a défendu dimanche Marine Le Pen.
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