Au lendemain du vote au Sénat, qui a approuvé très majoritairement le plan de soutien à l’Ukraine, et seulement quelques minutes après le premier débat des élections européennes retransmis sur Public Sénat, le Président de la République a accordé, ce jeudi 14 mars, une interview dans les journaux télévisés de TF1 et France 2. Si l’intervention du chef de l’Etat s’est essentiellement concentrée sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, le Président est également revenu sur la situation à Gaza.
Le chef de l’Etat s’est d’abord montré offensif envers le régime du Kremlin, affirmant que « Poutine a décidé de lui-même de lancer une guerre complète contre l’Ukraine. « Si les choses devaient dégénérer, ce ne serait que la responsabilité de la Russie », a martelé à plusieurs reprises le Président de la République, rappelant les différentes initiatives prises par la France depuis une décennie face à la « guerre d’agression » lancée par la Russie depuis 2014, à l’image des accords de Minsk, signés en septembre de la même année pour mettre fin à la guerre du Donbass.
« Vouloir la paix ce n’est pas choisir la défaite, ce n’est pas laisser tomber l’Ukraine, c’est d’être crédibles, forts et prêts pour nous adapter aux choix que la Russie ferait », a tancé le chef de l’Etat. « Décider aujourd’hui d’être faible, ce serait déjà être dans la défaite », a par ailleurs souligné à plusieurs reprises Emmanuel Macron dans son interview, constatant que « nous avons mis trop de limites dans notre vocabulaire », et « avons systématiquement fait ce que nous disions que nous ne ferons jamais ». « Si la Russie gagne cette guerre, la crédibilité de l’Europe serait réduite à zéro », a prévenu le chef de l’Etat, en écho à ses propos d’il y a seulement quelques jours, lorsqu’il avait enjoint ses homologues européens à « ne pas être lâches ».
Le chef de l’Etat est ensuite revenu sur le contexte du terrain militaire, reconnaissant une situation « difficile » et que « « la contre-offensive ukrainienne ne s’est pas passée comme attendue ». Rappelant les engagements pris envers l’Ukraine dans le cadre de l’accord bilatéral de sécurité signé le 16 février dernier, Emmanuel Macron a expliqué sa décision « d’aller plus loin dans l’aide à l’Ukraine », égrenant des « actions communes pour faire du déminage », le déploiement de « forces civiles à la frontière biélorusses », ainsi que « des actions défensives en cyber sur le sol ukrainien ».
Le Président de la République a également justifié cette décision en raison du « durcissement » du régime du Kremlin, « ces derniers mois », faisant référence aux « attaques cyber touchant les hôpitaux français », le meurtre d’opposants politiques ou encore en raison d’un « débat public est imprégné des fausses informations russes ». Pour autant, il ne juge pas le régime moscovite comme étant un « ennemi », préférant le qualifier d’« adversaire » : « Nous ne faisons pas la guerre à la Russie. Nous faisons tout pour que l’Ukraine mette la Russie en échec parce qu’il n’y a pas de paix durable s’il n’y a pas de souveraineté et un retour aux frontières internationalement reconnu de l’Ukraine », a averti le chef de l’Etat. « Si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait, nous n’aurons plus de sécurité en Europe », a-t-il ensuite alerté. « Qui peut penser que Poutine s’arrêterait là ? », s’est-il interrogé. « La sécurité de l’Europe et des Français se joue là-bas », affirmant « assumer » qu’il existait une « menace existentielle ». Pour autant, pas question à ce stade de « menace nucléaire » : « Nous devons nous sortir particulièrement protégés », a-t-il tenté de rassurer. « Le nucléaire n’est pas un instrument de déstabilisation et de menace, c’est un instrument de sécurité et de responsabilité de ne pas être dans l’escalade », a-t-il affirmé, rappelant que « [s]a responsabilité [était] la sécurité des Français et la défense nationale ».
Sur ces rapports avec Vladimir Poutine, le président de la République a déclaré « ne plus lui parler depuis plusieurs mois », rappelant qu’il a échangé avec lui « des centaines d’heures avant février 2022 », « longuement entre février et avril pour lui demander d’arrêter cette guerre et négocier la paix mais après cette date, ça n’avait plus de sens », s’est-il expliqué. Néanmoins, Emmanuel Macron s’est déclaré « prêt » au dialogue, pour peu que Vladimir Poutine « dise la vérité ».
Enfin, le président de la République a brièvement évoqué le conflit entre Israël et le Hamas et la situation dramatique de Gaza. « La France a une position constante », a déclaré Emmanuel Macron, qui a affirmé la « condamnation » de la France dès l’ « attentat terroriste » du Hamas contre Israël, rappelant avoir « coupé des financements » et « dissous des associations ». Le chef de l’Etat a également fait part de ses discussions avec Benyamin Netanyahou : « Vous êtes une démocratie, vous devez respecter le droit humanitaire, le droit de la guerre », a-t-il indiqué au Premier Ministre israélien, affirmant de son côté son souhait d’une « réponse politique aux droits des Palestiniens à avoir un Etat ». « Dès octobre, nous avons appelé à une trêve » et « porté une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour un cessez-le-feu ». Sur les 3 otages français, le chef de l’Etat a toutefois refusé d’en dire plus : « Les discussions sont en cours, j’espère que nous obtiendrons ces libérations. Nous ferons tout pour la paix et la sécurité pour tous », a-t-il conclu.
|