Ce mardi 8 mars, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, Gisèle Halimi, grande figure du féminisme décédée en 2020, sera mise à l’honneur par le président de la République. Mais l’organisation de la cérémonie au lendemain d’une journée de grève nationale contre la réforme des retraites n’a pas manqué d’être dénoncée. D’abord par l’association Choisir la cause des femmes, cofondée en 1971 par l’avocate franco-tunisienne et Simone de Beauvoir.
« La veille [le 7 mars] votre contre-réforme des retraites, qui pénalise particulièrement les femmes, se sera heurtée à un mouvement de protestation massif dans tout le pays sous la forme d’une journée de grève reconductible », a fustigé Violaine Lucas, présidente de l’organisation féministe, dans une lettre adressée au chef de l’État. « Depuis près de trois ans, vous n'avez cessé de vous défausser derrière une série d'excuses destinées à ne pas rendre hommage à l'avocate », a ajouté la militante, jugeant que cette « récupération politique » en pleine mobilisation sociale ne « trompera personne ».
Après l’association féministe, l’un des fils de l’avocate franco-tunisienne, l'écrivain et journaliste au Monde Diplomatique Serge Halimi, a annoncé auprès de l’AFP qu’il ne prendrait pas part à l’hommage pour des raisons similaires. « La décision de l'Élysée intervient après plus de deux ans de tergiversations et alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes », a souligné l’auteur de l’ouvrage Les Nouveaux Chiens de garde.
Selon lui, sa mère aurait d’ailleurs marché aux côtés des manifestants opposés à la réforme des retraites. « Le 8 mars, ce sera la meilleure façon d’honorer sa mémoire et ses combats », a-t-il déclaré, précisant qu’il a été « subitement informé » de la tenue de la cérémonie, « en même temps que la presse ». De son côté, un autre fils de Gisèle Halimi, l’avocat Jean-Yves Halimi, s’est dit « très satisfait » de cet hommage, assurant qu’il a « toujours pensé » que sa mère le méritait.
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