Comme une malédiction. En 2019, Jean-Paul Delevoye, le « monsieur retraites » du gouvernement d’Édouard Philippe, chargé de mettre en branle la réforme ambitieuse du système à points, démissionnait après avoir omis dix mandats dans sa déclaration à l’autorité de la transparence. Trois ans plus tard, c’est Olivier Dussopt, le ministre du Travail, chargé de porter la nouvelle réforme, non moins contestée, qui est rattrapé par des ennuis judiciaires.
Peu après la publication d’un article de Mediapart sur le sujet, vendredi 3 février au soir, le ministre du Travail a indiqué à l’AFP que le parquet national financier (PNF) avait retenu l’infraction de « favoritisme » pour un futur procès qui portera sur un marché public conclu à la fin des années 2000 avec un groupe de traitement de l’eau.
Un coup dur pour le ministre, en première ligne sur la réforme cruciale de ce début de mandat. Et de quoi fragiliser un gouvernement déjà mis sous pression ? Les oppositions n’ont pas attendu longtemps pour se saisir de ce dossier, certains élus de gauche évoquant même une « mise en retrait » nécessaire sur fond de « discrédit » de la parole publique.
Les premières révélations autour de cette affaire datent du printemps 2020. « Un article de presse a cru pouvoir mettre en cause mes relations avec un groupe d’eau dans la ville d’Annonay dont j’étais le maire » a ainsi raconté le ministre lui-même, ce samedi, sur France Inter et « le parquet financier a ouvert une enquête et procédé à de très nombreuses vérifications ». Les investigations concernaient alors deux lithographies du peintre Gérard Garouste qui lui avaient été offertes, alors qu’il était député-maire de la ville ardéchoise.
Ces deux tableaux provenaient d’un dirigeant local de la Saur, groupe français de traitement de l’eau, alors qu’un contrat était sur le point d’être conclu entre la ville et cette entreprise. Le contrat, négocié depuis 2016, a été formellement signé six mois plus tard, le 1er juin 2017. En 2020, Olivier Dussopt avait alors expliqué n’avoir pas déclaré ces lithographies à la déontologue de l’Assemblée nationale - comme c’est requis pour tout cadeau de plus de 150 euros - car il « ignorait la valeur » des deux tableaux. Il les avait ensuite restitués.
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