C’est le risque, lorsque l’on écrit une autobiographie à 29 ans : sauf à évoquer les disputes de cour d’école et deux mandats traversés comme une ombre, on se trouve assez vite la plume dans le vide. A la lecture de Ce que je cherche, (Fayard, 324 pages) le livre de Jordan Bardella paru samedi 9 novembre, l’on comprend les montagnes de précautions apportées par le Rassemblement national (RN) à maintenir le secret autour de son contenu : ses fans n’apprendront pas grand-chose qu’ils ne sachent déjà, et qui cherche à comprendre la pensée politique de Jordan Bardella aura perdu 22,90 euros. « J’entends déjà mes détracteurs. Ils jugeront ce livre médiocre, indigent et sans intérêt », écrit le président du RN en conclusion, comme pour désamorcer d’éventuelles critiques à mettre sur le compte du militantisme supposé de la presse, l’un des fils directeurs de l’ouvrage.
A peine politique, encore moins littéraire, cet objet marketing est propulsé à l’approche de Noël par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, qui a mis la main sur tout ce qui permet de vendre un livre : une maison d’édition puissante, un groupe médiatique et le réseau de distribution Relay. « Ni un essai, ni un programme », prévient d’emblée Jordan Bardella, le livre se veut « le reflet de [son] existence ». Mais les 324 pages sont dénuées de toute introspection, révélation ou anecdotes nouvelles sur la courte vie d’un homme déjà ausculté par la presse et sujet d’une biographie fouillée (Le Grand Remplaçant, de Pierre-Stéphane Fort, Studiofact Editions, 240 pages, 20 euros), publiée en mai.
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