Dans un billet de blog daté du 2 juin, consacré à l'interview de Benyamin Netanyahou accordé à la chaîne LCI, le patron de la mélenchonie a jugé opportun d'affirmer que la folie antijuive était anecdotique dans notre pays. «Contrairement à ce que dit la propagande de l'officialité, l'antisémitisme reste résiduel en France. Il est, en tout cas, totalement absent des rassemblements populaires», considère-t-il. Comprenez : la furie haineuse qui vise ce segment de population depuis le pogrom du 7 octobre, dans la foulée de la guerre israélo-Hamas, est une réalité alternative artificiellement montée en épingle par des sphères de pouvoir. La douleur sourde formulée par des personnalités comme Bernard-Henri Levy et Gilles-William Goldnadel, l'empilement de plaintes des gens ordinaires recensées par l'Organisation juive européenne (OJE) et sa directrice, Muriel Ouaknine-Melki, le déchaînement virulent sur les réseaux sociaux, les témoignages qui s'accumulent d'agressions verbales de chauffeurs Uber et de livreurs UberEats au nom de Gaza, les étudiants juifs refoulés en amphithéâtre à l'université, tout cela est, pour lui, une preuve de mythomanie généralisée.
Jean-Luc Mélenchon nous dit en sous-texte que nos compatriotes de confession juive sont des paranoïaques en puissance, que ces milliers de tags sur les façades d'immeubles et les insultes quotidiennes sont des affabulations, une invention d'esprits imaginatifs, une comédie humaine. Mélenchon affirme, en somme, que les chiffres du ministère de l'Intérieur, qui attestent d'une hausse de 300% des actes antijuifs sur le premier trimestre 2024, sont falsifiés. Pour le patron de La France insoumise, ce tourbillon d'agressions qui se succèdent si vite que nos compatriotes en sont déboussolés, qui les fait traverser une crise existentielle comme jamais depuis la Shoah, n'existe pas. Il nous dit de circuler, qu'il n'y a rien à voir.
Ainsi, le fondateur de La France insoumise ne se contente pas d'armer idéologiquement les antisémites, en présentant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) comme une antichambre du pouvoir, en excitant les foules et en diabolisant l'État juif, il voudrait en plus étouffer le cri de nos compatriotes juifs qui souffrent. Alors que beaucoup d'entre eux s'enferment dans la solitude et le mutisme, qu'ils ont presque honte de leur malheur et craignent de s'en plaindre trop ouvertement, Jean-Luc Mélenchon voudrait que ceux qui ont le courage de se révolter s'émeuvent en silence.
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