Le coup de tonnerre du choix d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale dimanche soir s’est vite accompagné d’une interrogation partout en France : les JO de Paris 2024 vont-ils commencer dans six semaines avec un gouvernement d’extrême droite à la tête du pays… voire être reportés ? Aux côtés du président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach pour la visite d’une école parisienne lundi matin, Anne Hidalgo a immédiatement songé aux Jeux olympiques au moment d’évoquer les élections législatives des 30 juin et 7 juillet. « Je ne peux être qu’inquiète, expliquait la maire PS de Paris. Une dissolution juste avant les JO, c’est extrêmement troublant. Mais rien ne viendra gâcher les Jeux. »
Une telle instabilité politique en France peut-elle réellement mettre en péril l’organisation de cet événement planétaire, programmé du 26 juillet au 11 août, ou provoquer des changements majeurs ? « Non, toutes les décisions pour Paris 2024 sur les plans financier et organisationnel ont été prises entre 2014 et 2023, assure Thierry Braillard, secrétaire d’Etat chargé des Sports de 2014 à 2017. Depuis un an, la France est à 100 % dans la phase opérationnelle. Et puis on ne change par exemple pas un préfet de police en quinze jours. Donc hormis la possible présence dans un mois d’un autre ministre des Sports qu’Amélie Oudéa-Castéra, ces JO ne seront pas impactés par les élections législatives. »
Les menaces (terrorisme, piratage informatique…) qui planent sur les JO « sont identifiées et anticipées depuis longtemps », explique de son côté Eric Henry, délégué national du syndicat Alliance Police Nationale. « L’arrivée hypothétique d’un nouveau ministre de l’Intérieur après les élections ne changera pas la donne pour les forces de l’ordre, poursuit-il. C’est un événement d’ampleur internationale pour lequel on s’est préparé depuis longtemps, avec une mobilisation intense de l’ensemble de forces de sécurité intérieure et de sécurité privée. »
Afin de garantir la sécurité des athlètes et des spectateurs, plus de 30.000 policiers et gendarmes seront mobilisés chaque jour durant les JO. L’actuel locataire de la place Beauvau, Gérald Darmanin, a ainsi demandé « une mobilisation à 100 % » des effectifs à partir du 24 juillet. Pour autant, Eric Henry redoute « un embrasement des quartiers comme on l’a connu en 2023 », après le second tour des élections du 7 juillet, qui pourrait être remporté par le Rassemblement national, avec alors Jordan Bardella comme Premier ministre.
Et là, la perspective de voir de telles tensions durer plusieurs semaines laisse le délégué national d’Alliance Police Nationale prudent : « Si le scénario est apocalyptique, les forces de sécurité intérieure restantes pourront alors difficilement faire face seules ». La montée en puissance de l’extrême droite dans le pays peut-elle par ailleurs accentuer la menace terroriste ? « Pas à court terme », répond Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT).
Se prêtant au scénario de politique-fiction d’un RN à la tête du gouvernement français au moment des JO de Paris 2024, Patrick Clastres, professeur en histoire du sport à l’université de Lausanne, imagine d’autres conséquences.
« Je ne vois pas pourquoi il y aurait une inquiétude à avoir dans l’organisation de l’événement, confie-t-il. Par contre, un gouvernement RN changerait l’ambiance autour de la cérémonie d’ouverture. Il pourrait y avoir une utilisation politique sur les prises de parole publiques du nouveau Premier ministre, en axant sur le relèvement de la France, sur la lutte contre l’immigration ou sur le soutien affirmé à la Russie et à Israël. »
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