« Nous devons nous préparer au fait que Donald Trump ne respectera plus inconditionnellement l’engagement de défense mutuelle de l’OTAN », a déclaré vendredi Friedrich Merz, candidat conservateur à la chancellerie allemande, à la chaîne de télévision ZDF. Son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) est donné gagnant aux élections législatives fédérales qui auront lieu ce dimanche. L’Europe doit « maintenant faire tous les efforts possibles pour être au moins capable de défendre le continent européen par elle-même », a-t-il exhorté, alors que l’approche de Donald Trump envers la Russie et la guerre en Ukraine a remis en question les liens de sécurité transatlantiques.
Le président américain a par ailleurs déjà laissé entendre que les États-Unis pourraient ne plus s’engager à protéger les autres membres de l’alliance en cas d’attaque, une obligation prévue par le traité de l’Organisation. Ce vendredi, Friedrich Merz a donc affirmé que l’Allemagne devrait discuter avec les deux puissances nucléaires européennes — la France et le Royaume-Uni — de l’extension de leur parapluie de dissuasion nucléaire à l’Allemagne.
« Le fait que nous devions discuter avec les Britanniques et les Français pour savoir si leur protection nucléaire pourrait également s’étendre à nous est une question que le gouvernement français a soulevée à plusieurs reprises auprès du gouvernement allemand », a-t-il expliqué, ajoutant que de telles offres étaient « toujours restées sans réponse ». Se détourner des États-Unis au profit des alliés d’Europe occidentale serait un changement de cap historique pour l’Allemagne et en particulier pour la CDU, fervente partisane depuis toujours de la doctrine de sécurité transatlantique.
L’extension de la dissuasion nucléaire française et britannique à d’autres pays européens est à l’étude depuis plusieurs années, mais elle devient plus urgente avec le retrait progressif des États-Unis de l’architecture de sécurité européenne.
Au début de l’année dernière, Emmanuel Macron avait proposé la création d’un nouveau « dialogue stratégique » sur la stratégie nucléaire française avec des partenaires européens clés, et a proposé des exercices de dissuasion communs. Le président de la République a réitéré cette perspective lors d’un chat en direct sur les réseaux sociaux jeudi soir. Les « intérêts vitaux de la nation, qui pourraient pousser un président à utiliser l’arme nucléaire, ont toujours eu une dimension européenne », a-t-il expliqué.
« On aura une discussion dans les mois et les années qui viennent avec plusieurs partenaires pour voir ensuite [si] on doit accroitre, densifier cette solidarité [de dissuasion] et comment », a-t-il ajouté. Contrairement au Royaume-Uni, qui est membre du Groupe des plans nucléaires de l’OTAN et dont les ogives sont conçues aux États-Unis, la France produit ses armes sur son propre territoire et n’est soumise à aucune obligation de l’OTAN, ce qui donne à Paris une plus grande marge de manœuvre pour définir sa doctrine comme elle l’entend, soulignait The Economist l’année dernière.
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