François Bayrou est devenu ce vendredi 13 décembre le 28e Premier ministre de la Ve République. Emmanuel Macron a annoncé avoir choisi le maire de Pau pour composer et conduire la nouvelle équipe gouvernementale. Le chef de l'État a fait part de sa décision neuf jours après le renversement du gouvernement de Michel Barnier, consécutif à l'adoption d'une motion de censure déposée par la gauche à l'Assemblée nationale.
Le président du MoDem avait déjà été pressenti pour intégrer le gouvernement de Gabriel Attal début février, après avoir été relaxé par la justice dans l'affaire des assistants d'eurodéputés de son parti. François Bayrou, allié d'Emmanuel Macron depuis son ascension vers l'Élysée, nommé ministre de la Justice en mai 2017, avait quitté le gouvernement quelques semaines plus tard, en raison de cette affaire. France Bleu revient sur les moments clefs de la carrière politique de ce fils d'agriculteurs, né le 25 mai 1951 à Bordères (Pyrénées-Atlantiques).
Le 22 février 2017, depuis le siège du Modem à Paris, François Bayrou annonce qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle. Face à la "flambée de l'extrême droite, le pire des risques", il fait une "offre d'alliance" à Emmanuel Macron, qui l'accepte. Cette offre de François Bayrou est assortie de certaines "exigences d'intérêt général", et surtout "une loi de moralisation de la vie publique, en particulier de lutte déterminée contre les conflits d’intérêts".
L'effet de surprise est total en Béarn. Après la victoire d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, le maire de Pau est nommé garde des Sceaux et ministre de la Justice en mai 2017.
François Bayrou quitte le gouvernement le 21 juin 2017, quelques semaines après sa nomination comme garde des Sceaux et ministre de la Justice. Il indique qu'il "souhaite se défendre" dans l'enquête sur les assistants parlementaires du MoDem, le parti centriste qu'il dirige, et cela "simplifie la situation". Cette enquête, ouverte par le parquet de Paris quelques jours plus tôt, vise à déterminer si le MoDem a employé des collaborateurs aux frais du Parlement européen où ils auraient occupé des emplois fictifs d'attachés parlementaires.
François Bayrou est finalement renvoyé devant le tribunal correctionnel pour complicité de détournements de fonds publics. Le président du Modem nie fermement les accusations d'existence d'un système de détournement de fonds, dont le ministère public l'accuse pourtant d'être le chef d'orchestre, le "décideur principal", pendant le procès qui se déroule du 16 octobre au 21 novembre 2023. Durant les cinq semaines d'audience, le maire de Pau a une pensée pour Marielle De Sarnez, ex-députée européenne et vice-présidente du MoDem, morte en janvier 2021 d'une leucémie. Mise en examen dans cette affaire, François Bayrou se dit convaincu que les poursuites judiciaires l'ont rongé au point d'en mourir. Le tribunal correctionnel de Paris tranche le 5 février dernier : François Bayrou est relaxé "au bénéfice du doute". Après le prononcé de la décision, il parle de la fin d’un "cauchemar" et d’un "gâchis politique, humain et financier".
Le Béarnais a toujours voulu que l'UDF reste une force politique centriste indépendante. C'est pour cela qu'en 2002, il représente son courant à l'élection présidentielle en se présentant pour la première fois sa candidature à la présidence de la République. Lors de cette campagne, quartier de la Meinau à Strasbourg, il gifle un garçon de onze ans en lui lançant "tu ne me fais pas les poches", un "réflexe de père de famille" dit-il qui le popularise. François Bayrou termine quatrième au premier tour, avec 6,84% des voix.
Cinq ans plus tard, François Bayrou crée la surprise en s'imposant comme le troisième homme de l'élection présidentielle, derrière Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Avec un discours axé notamment sur l'exigence d'intégrité dans la vie politique française, d'une véritable séparation des pouvoirs, le Béarnais recueille près de 19 % des suffrages au premier tour.
François Bayrou se présente pour la troisième fois en 2012, en appelant toujours à rassembler la gauche et la droite. Il termine cinquième, derrière Nicolas Sarkozy, François Hollande, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
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