Ce dimanche 5 mai à Marseille, les poubelles débordent. Qu'en sera-t-il dans trois jours, quand la flamme olympique sillonnera la ville, avec, dans le public, environ 150 000 personnes ? Pour l'heure, le mouvement de grève des éboueurs a davantage tendance à prendre de l'ampleur qu'à s'atténuer. Débuté le 30 avril dans les 4e et 5e arrondissements de Marseille, il touche désormais tous les secteurs de la collecte, sauf les 1er et 7e arrondissement, selon la CGT.
Combien y a-t-il de grévistes ? "Aucune idée", assure Véronique Dolot, coordinatrice des sections collecte et propreté métropolitaine à la CGT. "La CGT vote à main levée, justifie-t-elle. Les équipes tournent régulièrement, il y a des contractuels", les comptes sont difficiles. Mais dans certains secteurs, elle l'assure, on dénombre au moins 70% de grévistes, des agents "excédés", pas nécessairement liés à un syndicat.
Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c'est la réorganisation de la collecte dans plusieurs arrondissements de Marseille, mise en place début mars. Assurant que les habitants produisent moins de déchets ménagers, notamment avec le déploiement du compostage, les élus de la Métropole ont décidé de réduire la fréquence des collectes dans certains secteurs."Les agents passent à côté de conteneurs pleins, qu'ils n'ont pas le droit de ramasser", assure Véronique Dolot. Avant de déposer leur préavis, les éboueurs avaient déjà alerté sur cette situation, dans un courrier adressé au préfet des Bouches-du-Rhône. Les agents de collecte des déchets l'assurent, ils n'ont rencontré aucun élu métropolitain depuis le début de la grève. "Le préavis a été déposé le 9 avril. Nous avons été reçus une semaine après par la direction qui n'a rien fait. C'est elle qui a déclenché la grève, pas la CGT. Nous ne pensions pas devoir aller jusque-là", s'indigne Véronique Dolot.
La métropole a annoncé dans un communiqué qu'elle avait demandé au Préfet de réquisitionner les agents de collecte. Elle dit s'être "montrée à l'écoute [des grévistes] et leur a tendu la main à de multiples reprises pour retrouver le chemin du dialogue et celui de la reprise du travail. En vain." "La Métropole a donc sollicité l’appui des forces de l’ordre pour mettre un terme à d’éventuelles pratiques illégales liées à ce mouvement de grève : barrages sur la voie publique et troubles à l’ordre public", poursuit le communiqué. "On n'a toujours pas été reçus et ils doivent dépenser un fric de dingue pour envoyer des gens du privé ramasser à notre place", répond Véronique Dolot, qui dénonce une "entrave à la grève".
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