Durant plus d’une heure de discours prononcé avec un débit parfois mitraillette, le chef du gouvernement a multiplié les vocables chers à la droite, confirmant l’orientation privilégiée par Emmanuel Macron durant sa conférence de presse et par la composition de son gouvernement. Souhaitant « affronter pour avancer », et après avoir longuement vanté le bilan d’Emmanuel Macron depuis 2017 sur le front du chômage, de la réindustrialisation ou de la sécurité, le Premier ministre a placé son action sous le signe du travail qui « doit toujours payer mieux que l’inactivité ».
Un discours adressé aux « Français qui ont le sentiment d’avoir tous les devoirs, quand d’autres ont tous les droits », a assumé Gabriel Attal, qui a annoncé la généralisation du dispositif de conditionnement du RSA à « 15 heures d’activité pour l’insertion » dans tous les départements d’ici 2025, une (nouvelle) réforme de l’assurance chômage, la suppression de l’allocation de solidarité spécifique en autres mesures censées « déverrouiller le travail ».
Martelant les termes « produire », « alléger » ou « débureaucratiser », Gabriel Attal promet une « simplification drastique » contre « le fardeau des normes », et confirme la volonté de l’exécutif d’instaurer des primes au mérite dans la fonction publique. « Personne ne réclame le droit à la paresse », a-t-il lancé devant la députée EELV Sandrine Rousseau, alors que son arsenal de mesures droitières faisait bondir sur les bancs de la gauche. Difficile de ne pas voir une forme de filiation avec « la France qui se lève tôt » de Nicolas Sarkozy, qui promettait en son temps de « travailler plus pour gagner plus ».
« Nous engagerons après l’été une nouvelle étape de la réforme du droit du travail. Avec un objectif clair : libérer les énergies de nos TPE et PME, simplifier considérablement leur quotidien et leur permettre de négocier certaines règles directement, entreprise par entreprise », a insisté Gabriel Attal, reprenant à son compte des propositions défendues de longue date par Les Républicains, tout comme la baisse d’impôts déjà annoncée de deux milliards d’euros à l’égard des classes moyennes.
Mêmes inspirations lorsqu’il s’agit d’évoquer la dette, se fixant pour objectif de « repasser sous les 3 % de déficit public d’ici 2027, grâce à plus de croissance, plus d’activité et à la maîtrise de nos dépenses ; pas grâce à trop d’impôts ». Reprenant la promesse faite par Élisabeth Borne sur la réforme de l’aide médicale d’État (réclamée à cor et à cri par la droite et l’extrême droite), Gabriel Attal a annoncé que ce chantier sera ouvert « avant l’été » par voie réglementaire.
Dans la lignée du « réarmement civique » promis par Emmanuel Macron, le chef du gouvernement a annoncé la création de « travaux d’intérêt éducatif » et confirmé la volonté de généraliser le port de l’uniforme à l’école. Et de piocher dans le catalogue des lieux communs pour résumer son état d’esprit au sujet de la délinquance : « Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies. Tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter ». À deux doigts de sortir le Kärcher.
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