Le "conclave" sur les retraites ira-t-il jusqu'au bout des concertations, théoriquement prévues jusqu'à fin mai ? Plus les jours passent et moins cette hypothèse semble crédible. Mercredi dans la soirée, c'est la CGT qui en a claqué la porte : sa secrétaire générale, Sophie Binet, a notamment accusé sur France 2 "le Premier ministre et le patronat" d'avoir "enterré ce conclave", jugeant aussi que le chef du gouvernement avait "trahi sa parole". Depuis les déclarations de François Bayrou, qui a écarté dimanche un retour à l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans contre 64 ans dans la loi actuelle, les syndicats et le patronat, qui se réunissent une nouvelle fois jeudi 20 mars, s'interrogent sur leur participation à cette concertation censée retravailler la très contestée réforme des retraites de 2023.
La CFDT souhaite revoir les règles de ce "conclave", après que le Premier ministre a "rompu le contrat" qu'il avait fixé aux partenaires sociaux, selon les mots de Marylise Léon, secrétaire générale de la centrale réformiste. Force ouvrière (FO) avait de son côté quitté la table des négociations dès le début du "conclave". Côté patronat, l'organisation patronale U2P, qui représente les entreprises de proximité, a annoncé mardi matin ne plus participer aux discussions, les qualifiant de "jeu de dupes", tandis que le Medef estime que "les perspectives d'aboutir [à un accord] sont minces".
Les partenaires sociaux ont-ils un jour vraiment cru pouvoir s'entendre sur la réforme des retraites, tant leurs positions divergent ? Mi-janvier, le Premier ministre avait rouvert, lors de sa déclaration de politique générale, le dossier des retraites, en promettant de discuter "sans aucun totem" ni "tabou" de tous les sujets, y compris celui du recul à 64 ans de l'âge de départ à la retraite. François Bayrou avait chargé les partenaires sociaux de trouver un "accord" dans les prochains mois pour une réforme "socialement plus juste" mais "équilibrée".
Mais après avoir demandé aux négociateurs de ne pas "dégrader" l'équilibre financier du système, dont le déficit devrait atteindre 6,6 milliards d'euros en 2025, le chef du gouvernement avait écrit aux syndicats et au patronat, à la veille de la première réunion du "conclave", pour leur demander de "rétablir l'équilibre financier du système de retraites à un horizon proche", en 2030. Ce premier changement de cap, fin février, intervenait quelques jours après que la Cour des comptes avait estimé que le déficit du système des retraites atteindrait près de 15 milliards en 2035. Et il avait irrité les syndicats : dès la première réunion du "conclave", le 27 février, Force ouvrière (FO) a claqué la porte, dénonçant la lettre de François Bayrou mais aussi "le format", "le périmètre" et "la méthode" de ces concertations.
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