Élus et population se sont retrouvés lundi devant de nombreuses mairies au lendemain de la violente attaque à la voiture-bélier qui a visé le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), alors qu'une nette accalmie a été observée pour la sixième nuit d'émeutes.
Le troisième occupant de la voiture conduite par Nahel, 17 ans, dont la mort causée par le tir d'un policier a suscité une vague de violences urbaines dans tout le pays, était par ailleurs entendu lundi matin par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), a appris l'AFP de source proche du dossier. Recherché depuis les faits, cet homme s'est présenté de lui-même à 11h00 devant la "police des polices". A l'appel de l'Association des maires de France (AMF), de nombreux rassemblements de soutien au maire de La Haÿ-les Roses se sont tenus à la mi-journée devant les hôtels de ville, notamment à Nanterre où le jeune Nahel est mort.
"Depuis mardi les nuits ont été difficiles pour les habitants (...) Les violences qui se sont succédé sont inacceptables", a rappelé de son côté le maire de Nanterre, Patrick Jarry (DVG) devant une centaine d'habitants et d'employés de la mairie. "Le temps est à l'apaisement", a insisté l'édile, soulignant qu'il fallait "rester sur cet appel de la famille de Nahel, de sa grand-mère", qu'il "remercie profondément". La grand-mère de Nahel a lancé dimanche un appel au calme.
"Les gens qui sont en train de casser, je leur dis: arrêtez. Qu'ils ne cassent pas les vitrines, qu'ils ne cassent pas les écoles, pas les bus. Arrêtez, c'est des mamans qui prennent les bus, c'est des mamans qui marchent dehors", a exhorté Nadia sur BFMTV. La violente attaque à la voiture-bélier contre le domicile de Vincent Jeanbrun, maire LR de L'Haÿ-les-Roses, a provoqué une vive émotion dans le pays et les condamnations unanimes de toute la classe politique. Dans la nuit de samedi à dimanche, une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans sa propriété alors qu'il se trouvait dans sa mairie. Le portail d'entrée et la voiture de la famille ont été brûlés.
En prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants, l'épouse du maire, Mélanie Nowak, conseillère départementale et adjointe au maire, s'est fracturée le tibia. Elle a été hospitalisée. "Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison", a témoigné Vincent Jeanbrun dimanche sur TF1. "Jamais je n'aurais imaginé qu'on menace ma famille de mort", s'est-il indigné, appelant à "un sursaut républicain". Le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour "tentative d'assassinat". Au sud de Lyon, la municipalité de la petite ville de Charly (Rhône) a rapporté qu'un dispositif destiné "sans ambiguïté" à provoquer un feu avait été retrouvé dimanche au domicile du maire. Dès dimanche, la Première ministre Elisabeth Borne a assuré aux élus locaux que le gouvernement ne "laissera(it) passer aucune violence" et promis "la plus grande fermeté" dans les sanctions. Emmanuel Macron doit recevoir lundi les présidents des deux assemblées, puis mardi les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences. Le chef de l'Etat souhaite, en outre, "débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", selon l'Elysée.
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