Dédramatiser. Après la publication des chiffres du ministère de l'Intérieur qui annonce la présence dans la rue de 1,12 million de manifestants contre la réforme des retraites, le gouvernement ne veut pas surréagir. Le front uni des syndicats - une première depuis 12 ans - a manifestement su très avec un système à points, la police avait décompté 800.000 personnes dans la rue pour la première journée de grève. "Nous ne tirons pas de conséquences du fait que ces chiffres soient dépassés", relativise même un membre de l'exécutif.
Les chiffres de la mobilisation peuvent cependant inquiéter le gouvernement qui comptait sur un relatif attentisme des Français. S'ils sont très largement opposés à la réforme, une très large majorité de Français (68%) considèrent que cette réforme sera votée et appliquée, d'après un sondage Ifop. Mais le message d'une réforme jugée injuste tant par le RN que par l'ensemble de la Nupes semble avoir porté ses fruits. De quoi pousser l'exécutif à vouloir passer à la vitesse supérieure pour essayer de rallier les Français.
"Cette mobilisation nous dit que nous devons continuer à expliquer et à convaincre que cette réforme est juste, et indispensable", veut croire un conseiller ministériel. Emmanuel Macron a d'ailleurs appelé ses lieutenants "à ne pas être techno mais pédagogue". Pour s'y efforcer, des députés qui connaissent bien la réforme proposent même des formations pour leurs collègues moins à l'aise avec ce texte. "La Première ministre est persuadée que le projet de réforme est meilleur que celui de départ, parce qu’il a été le fruit de discussions et de concertations", décrypte ainsi un collaborateur ministériel. Le programme présidentiel mettait ainsi le cap sur le recul de l'âge de départ à la retraite à 65 ans et c'est finalement les 64 ans qui ont été retenus. Le gouvernement juge encore avoir équilibré son projet en prenant en compte les congés parentaux dans le calcul des futures pensions ou encore avoir amélioré le dispositif des carrières longues.
Alors que la CFDT a annoncé ce jeudi en fin de journée qu'une prochaine mobilisation aura lieu le 31 janvier prochain dans toute la France, l'exécutif veille également à arrondir les angles avec les partenaires sociaux. "Il est prématuré de parler de blocage. Le choix est laissé aux syndicats", avance encore un ministre. Élisabeth Borne a elle-même veillé à arrondir les angles sur son compte Twitter, saluant "l'engagement des organisations syndicales" qui "ont permis aux manifestations de se dérouler dans de bonnes conditions". De son côté, Emmanuel Macron en déplacement à Barcelone a jugé "bon et légitime que toutes les opinions, puissent s'exprimer".
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