L'Afghanistan se trouve, ce lundi 16 août, aux mains des talibans après l'effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l'étranger du président Ashraf Ghani. Des milliers de personnes tentaient désespérément, dans un chaos total, de fuir le pays à l'aéroport de Kaboul. Le fulgurant triomphe des insurgés, qu'ils ont célébré dimanche soir en investissant le palais présidentiel à Kaboul, a déclenché des scènes de panique monstre à l'aéroport de la capitale.
Une marée humaine s'est précipitée vers ce qui est la seule porte de sortie de l'Afghanistan, pour tenter d'échapper au nouveau régime que le mouvement islamiste, de retour au pouvoir après 20 ans de guerre, promet de mettre en place. On refait le fil des évènements.
Le dimanche 15 août, les talibans arrivent aux portes de Kaboul, au terme d'une offensive éclair entamée en mai dernier, à la faveur du retrait des forces américaines et de l'Otan. Ils se sont emparés en dix jours de toutes les autres grandes villes, sans rencontrer de grande résistance. Le ministre de l'Intérieur, Abdul Sattar Mirzakwal, promet dans un message vidéo "un transfert pacifique du pouvoir vers un gouvernement de transition". Le président, Ashraf Ghani, demande aux forces de sécurité de garantir la "sécurité de tous les citoyens" en maintenant l'ordre public à Kaboul. Un porte-parole des insurgés, Suhail Shaheen, affirme à la BBC: "Nous voulons un gouvernement inclusif (...) ce qui veut dire que tous les Afghans en feront partie".
Des images de télévision montrent que les talibans sont entrés dans la capitale afghane et se sont emparés du palais présidentiel. Dans le même temps et dans un message publié sur Facebook, Ashraf Ghani déclare avoir fui son pays pour éviter un "bain de sang" et reconnaît que "les talibans ont gagné". Il ne dit pas où il est mais le groupe de médias afghan Tolo suggère qu'il s'est rendu au Tadjikistan.
La Chine a été le premier pays à dire lundi 16 août, vouloir entretenir des "relations amicales" avec les talibans. La Russie a fait savoir que sa décision de reconnaître le nouveau pouvoir dépendrait de "ses agissements". A contrario, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a estimé que ce n'était "pas le moment" de reconnaître le régime taliban. Il a aussi qualifié leur retour au pouvoir d'"échec de la communauté internationale". Le drapeau américain a été retiré tôt, ce lundi matin, de l'ambassade des États-Unis à Kaboul et "mis en sécurité avec le personnel de l'ambassade" regroupé à l'aéroport dans l'attente d'une évacuation, ont annoncé le département d’État et le Pentagone. Les Américains ont envoyé 6.000 militaires pour sécuriser l'aéroport et faire partir quelque 30.000 Américains et civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent les représailles des talibans. L'ambassade de France elle, a quitté la "green zone" pour prendre ses quartiers dans l'aéroport de Kaboul.
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