La rivalité entre les deux hommes, éprouvée plus de trente ans, aura été parmi les plus tenaces de la Ve République. Valéry Giscard d’Estaing n’a pas moins tenu à réagir par communiqué à la mort de celui qui aura été son éphémère premier ministre entre 1974 et 1976: «J’ai appris avec beaucoup d’émotion la nouvelle de la disparition de l’ancien président de la République Jacques Chirac. J’adresse à son épouse et à ses proches un message de profondes condoléances.» S’ils avaient fait alliance lors de la présidentielle de 1974, les relations se seront rapidement tendues entre les deux fauves politiques une fois Jacques Chirac installé à Matignon. Après sa démission fracassante de son poste de premier ministre, Chirac créera sa propre formation politique, le Rassemblement pour la République (RPR), et s’y appuiera pour se faire élire l’année suivante maire de Paris contre le candidat giscardien, Michel d’Ornano.
Vérifiée lors de chaque rendez-vous électoral, l’animosité entre les deux hommes ne s’apaisera jamais. Dans son ouvrage, Le Pouvoir et la Vie publié en 1988, le fondateur de l’UDF raconte ne pas avoir pardonné à Jacques Chirac une «honteuse et stupide manœuvre»: l’appel discret de l’état-major du Corrézien à voter pour le candidat socialiste, François Mitterrand, plutôt que pour lui à la présidentielle de 1981. Même si «VGE» finira par soutenir la candidature victorieuse de Jacques Chirac lors de la présidentielle de 1995, il confiera, dix ans plus tard, au journaliste Franz-Olivier Giesberg sur son rival: «C’est quelqu’un qui ne m’intéresse pas. De Gaulle m’a fasciné. Helmut Schmidt, je l’ai aimé. Chirac, il n’a jamais occupé mon esprit. Je n’y pense pas.»
Siégeant entre 2007 et 2011 côte-à-côte au Conseil constitutionnel, les deux hommes et leurs régulières chamailleries feront la joie des autres «sages». Chirac manquant rarement une occasion de rappeler à Giscard qu’il avait pu exercer, lui, deux mandats et non qu’un.
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