Nelson Mandela, leader de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, est mort des suites d'une infection pulmonaire, jeudi 5 décembre, à l'âge de 95 ans. Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé que "Madiba" était mort "paisiblement, aux côtés de sa famille", vers 19h50 (heure de Paris). "Le pardon libère l'âme, il fait disparaître la peur. C'est pourquoi le pardon est une arme si puissante": Nelson Mandela avait résumé, en une phrase devenue mythique, la vision du monde et de l'humanité qui a fait de lui le dirigeant le plus populaire du XXe siècle. De son vivant déjà, le prix Nobel de la paix 1993 était vénéré bien au-delà des frontières de l'Afrique. Pour avoir arraché son pays au régime raciste de l'apartheid, et renoncé à toute vengeance contre la minorité blanche, qui l'avait emprisonné durant vingt-sept longues années. Qualifié un jour d'"icône mondiale de la réconciliation" par Desmond Tutu, l'une des hautes figures de la lutte anti-apartheid, l'ancien président sud-africain incarnait des valeurs d'autant plus universelles qu'il n'a jamais prôné ni religion ni idéologie. Juste un humanisme à l'africaine, profondément nourri de la culture de son peuple, les Xhosas. Ni Lénine, ni Gandhi, celui que ses compatriotes appelaient affectueusement "Madiba", de son nom de clan, ne s'est jamais enfermé non plus dans une ascèse révolutionnaire. Jeune homme, il aimait le sport ?-il fut boxeur amateur--, les costumes bien taillés, et entretenait joyeusement une réputation de séducteur. "Loin d'assumer un rôle divin, Mandela est au contraire pleinement et absolument humain: l'essence de l'être humain dans tout ce que ce mot devrait, pourrait signifier", écrivit à son propos sa compatriote Nadine Gordimer, Prix Nobel de Littérature. "Il a souffert et végété en prison pendant plus d'un tiers de sa vie, pour en sortir sans un mot de vengeance", dit Gordimer: "Il a supporté tout cela, c'est évident, non seulement parce que la liberté de son peuple est son souffle vital, mais parce qu'il est l'un de ces rares êtres pour qui la famille humaine est sa propre famille." Christophe BEAUDUFE | AFP |