A cinq jours du second tour, c’est désormais coup pour coup. Même si le député de Paris semble s’en offusquer, « s’il refuse le débat, alors ce n’est même pas la peine de venir jeudi au débat télévisé », attaque l’entourage de Juppé. Un duel « projet contre projet », jure-t-on, comme il l’a refait hier soir en pilonnant son adversaire sur ses « réformes brutales » et « pas réalisables ».
L’ancien favori des sondages est surtout revenu sur les accusations d’antisémitisme et de salafisme qui ont couru sur lui avant le premier tour, essentiellement sur les réseaux sociaux : « J’ai subi des attaques personnelles ignominieuses. Une campagne dégueulasse que mes adversaires n’ont pas dénoncée », enrage-t-il.
Juppé cherche à radicaliser son rival. « Je remarque que les soutiens de l’extrême droite arrivent en force pour son équipe », lâche-t-il fébrilement, alors que Jacques Bompard et Carl Lang, autrefois membres du Front national, ont souhaité pour dimanche la défaite du maire de Bordeaux. Puis il enchaîne sur le thatchérisme de Fillon et le soutien des cathos-tradis de Sens commun : « Mme Thatcher, c’est 1979-1990, pas vraiment tourné vers l’avenir… J’ai par ailleurs dans mon conseil municipal de Bordeaux un représentant de Sens commun. Eh bien à chaque fois qu’il y a une subvention qui va à une association d’homosexuels, il refuse de la voter. Ce n’est pas ma conception de la société ! »
Au premier rang, Jean-Pierre Raffarin, soutien depuis les premiers jours, mais aussi Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé — les défaits du premier tour qui l’ont rallié — applaudissent chaudement. C’est au moins une des amusantes surprises de cet entre-deux tours : voir NKM et Copé battre la même campagne, alors qu’ils se détestent tant. « Oui, c’est original… Elle et moi, c’est un peu les deux infinis, comme disait Blaise Pascal », s’amuse en privé le maire de Meaux. « C’est au moins la preuve que Juppé sait rassembler », ironise un de ses cadres.
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