Philippe Poutou (NPA) a crevé l'écran, mais promet que rien n'était prévu: en attaquant Marine Le Pen et François Fillon sur les affaires lors du débat mardi, il s'est fait le porte-parole des Français qui ont un "travail normal" et a acquis une légitimité singulière dans la campagne.
A plusieurs reprises durant le débat, le candidat trotskiste de 50 ans, ouvrier chez Ford et militant d'extrême gauche de la première heure, a créé la sensation. Il s'est présenté comme "le seul, avec Nathalie Arthaud (LO) à avoir un métier normal". Dans un exercice inédit de débat à 11 candidats à la présidentielle, ses interventions détonantes ont pris une couleur encore plus particulière quand il a été interrogé sur l'exemplarité en politique.
"François Fillon, plus on fouille plus on sent la corruption, la triche, ce sont des bonhommes qui nous expliquent qu'il faut la rigueur, l'austérité alors qu'ils piquent dans les caisses", a-t-il commencé devant ses concurrents ébahis. "Il y a aussi Mme Le Pen qui pique dans les caisses publiques. Pour quelqu'un d'anti-européen, ça ne la gêne pas de piquer dans les caisses de l'Europe", s'est-il insurgé dans une tirade où il a dénoncé les "politiciens corrompus déconnectés de la réalité".
Et semblant porter le coup de grâce à des candidats sonnés, il a ajouté: "quand on est convoqués par la police, nous n'avons pas d'immunité ouvrière, on y va!". Mme Le Pen a elle boudé des convocations par les juges, invoquant son immunité de députée européenne.
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