Le projet de loi réformant le droit du travail, porté par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, et transmis au Conseil d'Etat mercredi, prévoit de consacrer la primauté de l'accord d'entreprise sur la branche en matière d'assouplissement du temps de travail. Ces annonces horrifient nombre de parlementaires qui s'élèvent contre les grandes lignes du projet de loi. Le patron du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a déclaré jeudi qu'il aurait « du mal à voter » la réforme du travail « dans l'état » et a appelé à discuter le texte qui « ne montre pas » d'« équilibre » entre « flexibilité » et « sécurité » notamment sur la question du « licenciement économique ». « Je demande qu'on l'améliore, qu'on l'équilibre », a-t-il demandé .
Du côté des frondeurs, le ton est nettement hostile. Le député PS des Yvelines Benoît Hamon estime que le futur projet de loi « ne passe pas » et heurte « un peu plus que les frondeurs » du PS. « Ce ne sera pas une affaire de quelques frondeurs face au gouvernement, il y aura sur ce projet de loi des débats extrêmement intenses », a-t-il déclaré sur Sud Radio et Public Sénat.
Du côté des syndicats, le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly a estimé jeudi sur iTELE, expliquant que « c’est un texte qui n’est pas acceptable » et « on ne peut pas laisser les choses en l’état ». « Nous sommes prêts à agir avec d’autres organisations [syndicales] contre ce texte », a-t-il averti. La CFE-CGC a réagi par l’intermédiaire de son secrétaire national à l’emploi et à la formation, Franck Mikula, qui a dénoncé sur Twitter « un code du travail pour sécuriser les employeurs ». « C’est inacceptable, il faut sauver le code du travail », a-t-il ajouté. La CGT s’est fendue d’un communiqué mercredi soir, estimant que « le gouvernement [est] hors la loi ». Elle estime que le gouvernement n’a pas respecté l’article L1 du code du Travail, qui oblige le gouvernement envisageant une réforme qui porte sur les relations de travail, « à organiser une concertation préalable avec les organisations syndicales de salariés et d’employeurs représentatives en vue de l’ouverture éventuelle d’une négociation ».
Le numéro un du Medef, Pierre Gattaz, a quant à lui salué le projet, estimant qu’il allait « dans le bon sens ». Il a appelé le gouvernement à « aller jusqu’au bout » du travail pour « déverrouiller » le marché du travail.
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