Venu au Forum économique de Davos dès la première année de son quinquennat, une première pour un président français, Emmanuel Macron s’est attaché, mercredi 24 janvier, à faire en même temps la promotion des réformes qu’il a engagées en France et à mettre en garde la communauté internationale contre la « peur » et « l’incompréhension » que génère aujourd’hui une mondialisation mal maîtrisée.
Durant une vingtaine de minutes, en anglais, le président français a vendu aux 1 600 congressistes présents les différentes mesures économiques et sociales adoptées depuis le début de son quinquennat, comme la réforme du code du travail, la diminution de l’impôt sur les sociétés ou la mise en place d’une flat tax sur le capital. M. Macron a été notamment applaudi lorsqu’il a répété l’engagement français de fermer toutes les centrales à charbon en France d’ici à 2021. « France is back », s’est-il exclamé, reprenant une antienne éprouvée lundi devant 140 PDG qu’il avait réunis au château de Versailles.
Mais c’est lorsqu’il est repassé au français et qu’il a mis en garde les dirigeants politiques et économiques contre le capitalisme débridé que M. Macron a le plus retenu l’attention. « La croissance économique n’est pas une finalité en soi (…), ça reste un moyen », leur a-t-il lancé. Reprenant une récente étude d’Oxfam, le chef de l’Etat a fustigé les « 1 % les plus riches » qui concentrent toujours plus de richesses sur la planète. Il s’est également attaqué aux GAFA ou aux entreprises qui pillent plus qu’elles n’aident les pays dans lesquels elles investissent. A ce rythme, « Schumpeter va très rapidement ressembler à Darwin », a mis en garde M. Macron.
Pour éviter que « les nationalistes » n’emportent les élections « dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans », M. Macron a proposé de « refonder un vrai contrat mondial » entre les gouvernements et les entreprises. Mettant en avant la notion de « biens communs » (éducation, santé, environnement, etc.) que chacun doit défendre, il a invité les multinationales à faire davantage pour que la croissance économique soit synonyme de développement pour tous et non pour seulement quelques-uns. Concrètement, il a notamment proposé que les entreprises qui investissent un euro pour développer leurs activités dans des pays en voie de développement investissent à chaque fois un autre euro dans l’éducation des enfants de ce pays. « Faites quelque chose qui stabilise le pays maintenant », a-t-il exhorté.
Enfin, Macron a terminé en appelant les entreprises à faire davantage en matière de « partage de la valeur ». « Les entreprises qui durent, ce sont celles qui ont des stratégies d’intéressement », a-t-il expliqué. Il a également mis en garde les pays qui mènent une guerre fiscale, y compris au sein de l’Europe, les traitant de « passagers clandestins ». Emmanuel Macron a été moins convaincant quand il a invité les pays à « arrêter cette tendance à détricoter le droit social » que l’on constate à travers le monde, alors qu’il s’était vanté quelques minutes auparavant d’avoir « flexibilisé » le droit du travail en France. Dans un monde globalisé, on est toujours le moins disant de quelqu’un d’autre.
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