Retraites, bioéthique, budget… La rentrée de la majorité était déjà bien chargée. Emmanuel Macron a décidé d’ajouter un dossier délicat sur la table, en demandant aux élus de La République en marche de « regarder en face » la situation migratoire en France. A six mois des municipales et trois ans de la présidentielle, le chef de l’Etat entend être offensif sur ce sujet régalien sur lequel la droite et l’extrême droite se font plus souvent entendre.
Le débat prévu dans 15 jours à l’Assemblée sur la politique migratoire de la France et de l’Europe s’annonce donc plus corsé que prévu. Dégainée en avril par Emmanuel Macron au sortir du « grand débat national », cette séance publique sans vote semblait alors sans grands enjeux. Mais le chef de l’Etat a fixé un cap dès le début du mois de septembre. « Il nous avait dit qu’il fallait maintenant s’intéresser au régalien, car les Français nous attendent sur la sécurité et l’immigration », raconte le sénateur LREM François Patriat.
Devant les parlementaires de la majorité réunis lundi soir, le président a précisé son analyse, soulignant que « les flux d’entrées n’ont jamais été aussi bas en Europe et les demandes d’asile jamais aussi hautes en France ». « La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite », a aussi dénoncé Emmanuel Macron.
« Il anticipe déjà la campagne de 2022, il sait très bien qu’il aura le Rassemblement national face à lui », explique François Patriat, qui évoque la défaite de Lionel Jospin en 2002 « à cause du débat sur l’insécurité ». Mais il ne s’agit pas « d’aller sur les plates-bandes du RN ou des Républicains », se défend le sénateur marcheur. Selon un sondage Ipsos-Sopra Steria publié lundi, l’immigration est en effet le thème prioritaire pour 56 % des sympathisants du parti Les Républicains. Cette enquête d’opinion indique aussi que 64 % des Français ont l’impression « qu’on ne se sent plus chez soi comme avant » en France.
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