L'ancienne comptable de Liliane Bettencourt a affirmé devant la police et dans un entretien au site Mediapart que Nicolas Sarkozy avait bénéficié de financements en espèces de la part de l'héritière de L'Oréal. Dans une déposition faite à la police lundi soir elle a évoqué un versement de 150.000 euros pour la campagne présidentielle de 2007.
Selon Claire Thibout, la somme a été remise à Eric Woerth, trésorier de cette campagne et aujourd'hui ministre du Travail, qui est soupçonné de complaisance dans le traitement du dossier fiscal de Liliane Bettencourt lorsqu'il était au Budget. Interrogée par Mediapart après son audition par la police, l'ancienne comptable ajoute que le couple Bettencourt avait aussi pour habitude de donner de l'argent en espèces à des personnalités politiques de droite, dont Nicolas Sarkozy, quand il était maire de Neuilly, entre 1983 et 2002.
Ce dernier épisode a été vigoureusement contesté par l'Elysée. "C'est totalement faux", a-t-on déclaré dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. La comptable a dit à la police que Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de la milliardaire, lui avait demandé en mars 2007 de retirer 150.000 euros en espèces pour la campagne de Nicolas Sarkozy, ce qu'elle a refusé puisque son autorisation ne portait que sur 50.000 euros. Elle a donc retiré cette dernière somme et l'a remise à Liliane Bettencourt. Fabrice de Maistre aurait ensuite fait retirer les 100.000 euros manquants sur les comptes suisses de la milliardaire.
Entre 1983 et 2002, Nicolas Sarkozy était souvent l'hôte des Bettencourt, avec sa deuxième épouse Cecilia, dit la comptable. "Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe, ça se passait dans l'un des petits salons situés au rez-de-chaussée, près de la salle à manger. Ca se passait généralement après le repas, tout le monde le savait dans la maison", raconte la comptable. "Sarkozy était un habitué. Le jour où il venait, lui comme les autres d'ailleurs, on me demandait juste avant le repas d'apporter une enveloppe kraft demi-format, avec laquelle il repartait. Je ne suis pas stupide quand même, inutile de me faire un dessin pour comprendre ce qu'il se passait." |