Dix ans après le lancement du plan solidarité grand âge, visant à prendre en compte la dépendance comme un risque à part entière, au même titre que la maladie, les accidents du travail, la retraite et la famille, les moyens mis en œuvre ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux. Au bord de l’asphyxie, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont donc décidé, mardi 30 janvier, de lancer un mouvement de grève inédit, réunissant à la fois personnels et directions.
En sous-effectif criant, les Ehpad ne sont plus en mesure d’assurer la sécurité et la dignité de leurs patients, de plus en plus nombreux, de plus en plus âgés et qui demandent de plus en plus d’accompagnement. Près de 730 000 personnes âgées sont actuellement placées dans ce type d’établissement. Un Français de plus de 90 ans sur trois est concerné. Un tiers des résidents est atteint d’une maladie neurodégénérative. Pour s’en occuper, on ne compte que six salariés pour dix vieillards, contre un pour un dans les pays scandinaves.
Ce déséquilibre conduit les personnels à accomplir les tâches quotidiennes de base à la chaîne, reléguant le lien humain à l’accessoire. La dégradation des conditions de travail génère des taux d’accidents du travail et d’absentéisme aberrants par rapport aux autres métiers de la santé.
Lors d'une séance à l'Assemblée nationale, Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, a annoncé une enveloppe supplémentaire de 50 millions d'euros pour venir en aide aux Ehpad en difficulté. Une annonce qui n'a pas convaincu. Pour Annick Pradères et Clémentine Autain, cette somme est loin d'être suffisante. Pour Françoise Degois de l'Agence citoyenne, la question de la vieillesse est une question fondamentale et il faudrait un plan de plusieurs milliards d'euros pour la traiter correctement. Quand à Damien Abad, vice-président du parti Les Républicains, il faudrait un "plan Marshall" pour la dépendance.
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