Des milliers de personnes étaient rassemblées ce dimanche à Paris place de la République pour rendre hommage à Samuel Paty, le professeur d'histoire décapité vendredi dans les Yvelines. Brandissant des pancartes "non au totalitarisme de la pensée" ou "je suis prof", ils saluaient dans le calme la mémoire de cet enseignant assassiné après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. De l'extrême gauche à quelques représentants de la droite, plusieurs responsables politiques, comme Yannick Jadot et Olivier Faure à gauche, ont participé dimanche aux rassemblements organisés au surlendemain de la décapitation d'un enseignant dans les Yvelines, mais pas toujours dans un climat d'union.
Sur place, Jean-Luc Mélenchon était accompagné d'Adrien Quatennens, Danièle Obono ou encore Eric Coquerel. Le leader de la France insoumise a appelé à "l'unité nationale". "On oublie tout, toutes les autres batailles et on se concentre sur la nécessité d'être ensemble. Parce que c'est marquer le poing contre l'ennemi, ils font ça dans l'intention de terroriser et de diviser. C'est un échec, on n'a ni peur et ni on est divisés", a-t-il déclaré. "Il faut savoir se regrouper, le but des assassins c'est de nous diviser", a-t-il poursuivi. Une minute de silence a été observée en présence du Premier ministre Jean Castex. "Nous n'avons pas peur. Vous ne nous diviserez pas", a lancé sur Twitter le Premier ministre Jean Castex. "Nous sommes la France !" a ajouté le chef du gouvernement, aux côtés du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, de la ministre déléguée en charge de la Citoyenneté Marlène Schiappa et de milliers de personnes.
Jean Castex se tenait aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo et de la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (ex-LR). "Quelles que soient nos différences politiques, syndicales ou autres, il faut manifester l'unité et montrer que nous n'avons pas peur face aux ennemis de la République. L'unité est la condition de la réussite", a déclaré à la presse Jean-Michel Blanquer. Autour de la statue de la place de la République, qui continuait à se remplir, certains brandissaient des drapeaux tricolores, d'autres des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "il fait sombre au pays des lumières" "je suis musulman, je suis contre la violence, je suis pour la liberté d'expression", "je suis enfant de prof" ou encore "je suis prof". Un homme a joué la chanson de Hugues Auffray "Adieu Monsieur le professeur" à la guitare, que chantaient de nombreuses personnes réunies autour de lui. Des Marseillaise étaient également entonnées.
Certains manifestants portaient des pancartes où étaient affichées des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. La Une du journal satirique "Tout ça pour ça", publiée début septembre à l'occasion de l'ouverture du procès des attentats de 2015 et qui reprenait les caricatures, était également brandie par certains. "Je suis là comme prof, comme maman, comme française et comme républicaine", a affirmé Virginie, professeure de musique en région parisienne. Partout en France, d'autres manifestations ont été organisées, notamment à Lyon, Lille, Nantes ou encore Marseille pour rendre hommage à leur tour à Samuel Paty. A Lyon, la place Bellecour était noire de 12 000 personnes, selon la préfecture. Ils étaient plus de 3000 à Strasbourg, 1500 à Lille, 2500 à Marseille et 2000 à Montpellier.
Quelque 5000 personnes, selon la FSU, se sont rassemblées place du Capitole à Toulouse à l'appel des syndicats enseignants. "C'est toute la communauté éducative qui est atteinte et, au-delà, l'ensemble de la société", a notamment déclaré Bernard Deswarte, l'un des responsables de la FSU 31 lors d'une courte allocution avant d'appeler à une minute d'applaudissements. "Je suis là pour trois raisons : l'hommage au collègue, la lâcheté et le racisme des réseaux sociaux et le manque de courage, voire l'incapacité du gouvernement à traiter ces questions-là", a affirmé Anne-Marie Gaussens, une CPE à la retraite.
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