Surprise du chef: pour sa réforme des retraites, Emmanuel Macron préfère désormais "un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge" de départ et promet un nouveau "grand débat" afin de trouver un compromis permettant de résorber le déficit du système actuel. L'affaire semblait réglée. Après des semaines de cacophonie au printemps, le gouvernement avait tranché en faveur d'un "âge d'équilibre" devenu le symbole du futur "système universel" par points promis par M. Macron.
Le haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, avait précisé l'idée mi-juillet: l'âge légal resterait fixé à 62 ans, mais il faudrait travailler jusqu'à 64 ans pour une pension "à taux plein". Une trouvaille aussitôt rejetée à l'unanimité par le patronat et les syndicats, CGT et FO en faisant même le principal mot d'ordre de leurs manifestations prévues fin septembre.
Qu'à cela ne tienne, "rien n'est décidé", a déclaré lundi soir le président de la République, souhaitant toutefois que la réforme "soit juste en termes de cotisation". "Je préfère qu'on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge", a-t-il ajouté, revenant ainsi à ses premières orientations post-"grand débat". Fin avril, le chef de l'Etat avait en effet suggéré "d'allonger la durée de cotisation et de laisser le libre choix", avec "un système de décote qui incite à travailler davantage".
Puisque "l'âge d'équilibre" ne convient à personne, le sujet sera remis à l'ordre du jour dès les 5 et 6 septembre, lors d'entretiens à Matignon avec les partenaires sociaux. Les Français seront aussi consultés à l'automne, sous une forme à déterminer. "Il y aura une grande négociation" sur la réforme et ce sera "plus qu'une concertation, je tiens à un grand débat", a affirmé M. Macron, souhaitant que ce chantier "incarne le changement de méthode" initié après la crise des "gilets jaunes". Seule la CFDT a exprimé un semblant de satisfaction. "Le président de la République a dit que l'âge pivot était une erreur, n'était pas une bonne chose en tout cas. Tant mieux, on l'avait dit aussi, donc maintenant on verra", a réagi son secrétaire général Laurent Berger.
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