Avec le mouvement des Gilets jaunes apparu dès le mois d’octobre et le très grand nombre de manifestations organisées depuis, une polémique est apparue autour d’une arme non létale utilisée par les forces de l’ordre, le LBD-40. Une arme dite intermédiaire sensée permettre aux policiers de maintenir l’ordre et de se défendre, notamment lors d’évènements à risques. Selon certaines estimations, les nombreuses manifestations ayant eu lieu ces dernières semaines ont conduit à un triste constat. Outre les décès dû à des accidents de la route lors de blocages, on dénombre plus de 1700 personnes blessées, dont au moins 82 dans un état grave. Parmi elles, 65 personnes touchées par un projectile tiré par le LBD-40, dont 10 ont même perdu un œil. Mâchoires fracturées, visages explosés, membres sectionnés, les séquelles sont très nombreuses. Si des journalistes ont été pris à parti par des manifestants, certains ont également été touchés par des tirs policiers.
Utilisé par la police française depuis 2016, le LBD-40 a succédé au bien connu flashball, arme de même catégorie mais dont le calibre est plus important (40 pour le LBD, d’où le nom, contre 44 pour la flashball), un changement qui a permis d’améliorer la portée de l’arme. Evidemment, plusieurs règles ont été établies dès son arrivée dans les commissariats afin de fixer un cadre autour de son utilisation. Il est ainsi interdit aux policiers de tirer à moins de 7 mètres d’une personne ainsi que de viser au dessus des épaules et dans la zone des parties génitales. Des règles qui ont dû être rappelés en interne par le patron de la Police Nationale tant les cas de blessures sont nombreux.
Le problème, c’est que ce Lanceur de Balles de Défense, aussi surnommé “gomme-cogne”, devient imprécis au-delà de 7 mètres et est particulièrement dangereux quand une “cible” est en mouvement. Ajouté à cela un policier qui tire alors qu’il est en mouvement et on comprend facilement la dangerosité d’un tir. Seul pays européen dans lequel elle est utilisée lors de manifestations, l’arme dite ‘intermédiaire’ est aujourd’hui au centre des débats et un collectif de 200 personnalités a même demandé son interdiction. Jacques Toubon, le Défenseur des droits, autorité indépendante qui veille au respect des droits et des libertés, a lui officiellement demandé la suspension de l’utilisation du LBD-40 “en raison de sa dangerosité”.
Autant de cas qui posent forcément de nombreuses questions au sein même des forces de l’ordre. En revanche, l’Etat ne semble pas vraiment concerné par ce débat puisque le Ministre de l’Intérieur a décidé pour Noël de commander 1280 nouveaux LBD-40, de quoi craindre de nouveaux blessés dans les prochaines semaines…
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